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Une Solitaire en hiver, selon la plaisanterie la plus courue de cette édition 2007. Beaucoup de vent, du froid, de la pluie, de la grosse mer… Une Solitaire en hiver, une Solitaire « à la guerre », comme ils disent. Retour sur une édition d'exception... Etape 1 : Caen / Crosshaven (415 milles) Tactique dans les courants et les cailloux « De mémoire de jeune figariste, je crois que je n’ai jamais vu autant de changements de leaders. Dans le style chaises musicales, et bien vous avez la première étape 2007 de La Solitaire Afflelou le Figaro.». Le ‘jeune’ figariste qui s’exprime ce matin du 3 août sur les pontons de Crosshaven n’est autre que Michel Desjoyeaux , arrivé 3e en Irlande, derrière Nicolas Troussel (Financo) et le vainqueur Frédéric Duthil. Le skipper de Distinxion remporte ce premier acte très riche en rebondissements où chaque portion de parcours a été stratégique : le passage à Barfleur, la traversée de la Manche, la navigation sous les côtes anglaises à jongler avec les courants et les zones de calme… jusqu’au ‘nouveau départ’ entre Lands End et les Scilly à la faveur d’un regroupement de la flotte à 140 milles de l’arrivée. Au départ de Caen, sous le soleil normand, un seul solitaire manque à l’appel : le jeune bizuth britannique James Bird (Gfi Group), qui a talonné à la sortie du port, ne rejoindra ses compères que plus tard en Irlande. Tactiquement, les 49 autres ne connaîtront aucun répit tout au long des 415 milles disputés à toutes les allures, dans des conditions de vent qui n’excéderont pas les 20 noeuds. Au moins sept coureurs se sont succédés en tête de course : Fred Duthil à la bouée Radio France, Gérald Veniard (Scutum) à la bouée des Fairways, Michel Desjoyeaux (Foncia) sous les côtes anglaises, Gildas Morvan (Cercle Vert) puis Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) à la marque de Hand Deeps, Thierry Chabagny (Brossard) au Cap Lizard et enfin Fred Duthil. Le morbihannais de 33 ans, remporte sa toute première étape en quatre participations après 2 jours, 19 heures 49 minutes 55 secondes à la vitesse moyenne de 6,12 nœuds. Etape 2 : Crosshaven / Brest (344 milles) Un sprint épuisant On achève bien les Figaro… ou plutôt les figaristes. Cette 2e étape de 344 milles en direction de Brest, via le Fastnet, va se révéler exténuante. Pendant 41 heures, soit presque deux jours, les marins ne vont pas dormir, rivés à la barre pendant la première partie de louvoyage à flirter sous les côtes irlandaises, puis pendant les 200 milles de glissade sous spi jusqu’à Ouessant. Titubants de fatigue, des récits d’hallucinations plein la bouche, les skippers ont repoussé leurs limites pour tenter de briller à Brest. Michel Desjoyeaux y remporte la sixième victoire d’étape de sa carrière de figariste, devant Frédéric Duthil (encore) et le local de Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier). Pour les 50 solitaires, le départ est lancé le lundi 6 août à midi sous les grains pluvieux de la baie de Crosshaven, dont le skipper de Foncia, en tête à la bouée Radio France, se joue à merveille. Les 10 heures de louvoyage au milieu des paysages féeriques de la côte sud irlandaise sont dominés par Gildas Morvan (Cercle Vert) qui cède ensuite les commandes à Frédéric Duthil, premier concurrent à envoyer son spi au phare du Fastnet. La suite se joue sur le pont, à faire avancer les machines dans 20 nœuds de vent et une mer formée… entre plaisir et fatigue. Le 7 août, au pointage de 15h30, Michel Desjoyeaux prend la tête de la course pour ne plus la quitter. Foncia passe la ligne d’arrivée le lendemain à 5h20 du matin, après un ultime jeu du chat et de la souris dans le goulet de Brest en compagnie de Duthil, Mahé, Lebas, Bérenger, Morvan et Chabagny qui vont couper la ligne en l’espace de 10 minutes, dans le tableau arrière du vainqueur. Etape 3 : Brest / La Corogne via BXA (562 milles) Corentin Douguet roi de la baston au près Samedi 11 août, la décision tombe : météo trop exécrable pour envoyer 50 solitaires au Fastnet où on annonce une mer très grosse et des pointes à 55 nœuds. La plus longue étape de toutes les Solitaires est amputée de la remontée irlandaise, mais reste un col hors catégorie avec ses 562 milles de Brest à La Corogne, via la bouée BXA, dans l’estuaire de la Gironde. Après un départ nerveux qu’il faut donner à trois reprises, la flotte s’en va dans des airs si légers que certains doivent mouiller dans le raz de Sein. Suit une belle descente sous spi, saluée par une pluie d’étoiles filantes. Michel Desjoyeaux (Foncia), Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier) et Thierry Chabagny (Brossard) sont à leur aise dans un premier temps, mais ce sont Jean-Pierre Nicol (Gavottes) puis Christian Bos (Belle Ile en Mer) qui sortent du chapeau dans la pétole après BXA. Calme trompeur : suivent 300 milles d’une énorme bagarre au près, dans des rafales à 45 nœuds et des creux de 5 mètres. Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Telecom) est le plus fort dans cet enfer : il vire après tout le monde, sur le cadre comme en régate côtière, et inflige une correction à toute la flotte pour signer sa première victoire d’étape. Seuls Nicolas Troussel (Financo) et l’inévitable Michel Desjoyeaux (Foncia) limitent la casse en se classant 2e et 3e à 24 et 47 minutes, mais ensuite les écarts sont énormes et le classement général s’en trouve bouleversé : Michel Desjoyeaux prend la tête 9 minutes devant Corentin Douguet et 14 minutes devant Nicolas Troussel . Etape 4 : La Corogne / Les Sables d’Olonne (340 milles) Deuxième succès d’étape pour Fred Duthil/Troisième triomphe pour Michel Desjoyeaux Après une baston au près, une baston au portant ! D’abord faible sur le départ de La Corogne donné sous le soleil et dans une belle houle, le vent forcit, forcit, forcit… Il y a d’abord une première phase de positionnement nord/sud au large de Gijon, où chacun se place pour attaquer un long run au portant vers Les Sables d’Olonne. Tout se joue sur cette ultime étape qui devient vite un nouvel enfer : vents de 40 nœuds, rafales 50, creux de 5 mètres et tout à fond dans la nuit noire. Les bateaux enfournent, des spis qui rendent l’âme. La guerre, comme ils disent. Certains jettent l’éponge, réduisent la toile et passent en mode survie. Ce n’est pas le cas, entre autres, des deux « sudistes » plus proches de la route directe que sont Gérald Véniard (Scutum) et Fred Duthil (Distinxion), en état de grâce cette année. En véliplanchiste dingue de vitesse, Duthil refuse de prendre le moindre ris. Il s’arrache. En approche des Sables d’Olonne, il double Véniard qui a explosé son spi. Les déferlantes claquent sur les ponts, meurtrissent les bateaux, Jeanne Grégoire (Banque Populaire) démâte à 25 milles de l’arrivée. Douguet, Mahé, Troussel et Desjoyeaux sont partis dans le nord chercher une bascule qui sera finalement trop brève pour inverser la tendance. Fred Duthil signe un splendide deuxième succès d’étape devant Gérald Véniard et… Michel Desjoyeaux , carton plein sur les podiums, qui parvient ainsi à rejoindre Jean Le Cam et Philippe Poupon dans la légende de La Solitaire. Il s’offre un sublime troisième succès général dans l’épreuve. Fred Duthil revient sur le podium à la deuxième place à 26 minutes du vainqueur devant un Corentin Douguet 3e à une heure et trois minutes qui signe une deuxième expérience fracassante dans l’épreuve. Nicolas Lunven (Bostik) s’offre le classement Bénéteau des bizuths devant Vincent Biarnes (Côtes d’Armor) et Aymeric Belloir (Cap 56). Mais le roi du solo, c’est encore et toujours Desjoyeaux !
1/ Michel Desjoyeaux (Foncia) en en 247h 20min 47s - 2/ Frédéric Duthil (Distinxion) à 26'38'' - 3/ Corentin Douguet (E.Leclerc/Bouygues Télécom) à 1h03'50''
50 skippers au départ - 49 classés
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