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Pour les "Femmes de défis", appellation choisie par la Fédération pour faire la promotion de l'équipe de France féminine de handball, l'un des plus grands est d'exister dans l'ombre des hommes, ces fameux "Experts" en train d'écrire la légende du sport français.
"Dans l'ombre non, plutôt à côté", corrige le sélectionneur Alain Portes , placé à la tête des Bleues il y a deux ans et qui les conduira au Mondial-2015 au Danemark à partir de samedi, avec l'ambition de monter sur le podium.
"Si elles souffrent de la comparaison? Oui, évidemment, même si les filles vont dire diplomatiquement que les garçons sont des exemples, c'est aussi un poids", reconnaît l'entraîneur.
De fait, on chercherait en vain une once de jalousie dans les propos des joueuses. Qu'elles se disent "admirative de leur parcours" comme Camille Ayglon , "fière qu'ils montrent (leur) sport" comme Siraba Dembélé, "encouragée parce que les gens du coup croient aussi en (elles)" comme Alexandra Lacrabère, les Françaises ne tarissent pas d'éloges pour des performances "historiques et extraordinaires qui dépassent le cadre du handball", comme dit Allison Pineau .
D'ailleurs, le handball féminin français n'a absolument pas à rougir de ses performances. Inexistant jusqu'aux années 1990, comme celui des hommes, il a connu la même ascension fulgurante... à la différence qu'il s'est le plus souvent arrêté à quelques marches de la consécration quand les garçons accumulaient les titres (deux olympiques, cinq mondiaux et trois européens depuis 1995).
Seule exception, le sacre mondial de 2003, arraché par la génération de la gardienne Valérie Nicolas au prix d'une retour homérique en finale contre la Hongrie. Il faut y ajouter trois médailles d'argent mondiales (1999, 2009, 2011) et deux de bronze européennes (2002, 2006), mais aucune aux jeux Olympiques, une lacune majeure que les Françaises rêvent de combler dès l'été prochain à Rio.
- Une seule recette, la victoire -
Les Jeux sont d'ailleurs l'une des rares occasions pour les joueuses et les joueuses de se rencontrer. Le reste du temps, les calendriers séparent hermétiquement les deux handballs, conçus comme deux univers différents par les joueuses elles-mêmes. "Ça n'a rien à voir", tranche Siraba Dembélé. "Plus individualiste" selon Alexandra Lacrabère, le hand masculin est aussi beaucoup plus physique. "On dirait que le terrain n'a pas la même dimension", dit-elle.
Du coup, même si les Bleues et les Bleus sont réputé(e)s pour leurs qualités physiques, selon Allison Pineau , il n'y a pas de "jeu à la française" commun aux hommes et aux femmes. La caractéristique nationale la plus notable est même qu'aucune équipe tricolore ne joue de la même manière.
"La richesse du handball français vient du fait qu'on laisse chaque cadre amener sa patte. Par exemple, ce que je fais en attaque n'a rien à voir avec ce que faisait Olivier Krumbholz (son prédécesseur), donc personne ne peut dire +Tiens elles jouent comme des Françaises+. Daniel Costantini (l'ancien sélectionneur des hommes) ne faisait pas jouer non plus comme Claude (Onesta) le fait aujourd'hui", explique Alain Portes .
Pour rattraper les garçons, les filles savent parfaitement ce qu'il leur reste à faire: gagner. Elles pourront le vérifier dès samedi au Danemark. Salles pleines, ambiance, engouement médiatique, tout est né des trois titres olympiques consécutifs remportés par les Scandinaves en 1996, 2000 et 2004.
"Depuis une vingtaine d'années on a été de toutes les compétitions internationales, peu de pays peuvent se vanter d'avoir une telle régularité. Il ne nous manque souvent pas grand chose, il faut qu'on bosse pour y arriver", conclut Camille Ayglon .