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Cette Solitaire fut l'une des plus mouvementées et coriaces de l'histoire du Figaro. Dans des dépressions et des vents difficiles obligeant à de longs bords de prés ou de spi, le peloton des favoris ne se fit pas de quartier. Ils étaient une petite dizaine à pouvoir l'emporter, tous dotés de la même carène véloce et volage, tous sur-entraînés. La chance, mais surtout l'endurance et l'ingéniosité des hommes allait faire la différence.
Dés la première étape, la plus longue jamais courue dans la Solitaire, avec ses 540 milles, un bon force 5 et une mer chaotique malmenèrent les figaristes, dont beaucoup furent victimes du mal de mer. Le Cam joua les auto-tamponneuses au départ, ouvrant une voie d'eau dans le flanc du voilier de Laperche, pourtant tribord amures. Ce n'était que le début d'une série de fortunes de mer : démâtages, spis éclatés, haubans et bastaques cassés, pilotes hors d'usage et avaries diverses ont persillé l'épreuve.
Tous ont souffert du mauvais temps, mais le plus dur à supporter pour la majorité de la flotte, ce fut l'écrémage effectué à Kinsale : tout était presque joué en Irlande. En effet, si Vittet, Savatier, Le Cam, Lamiot et Desjoyeaux se serraient à moins d'une heure à l'arrivée aux pubs, le reste des concurrents, retardé par la renverse du courant, avait déjà l'impression d'être hors course.
La deuxième étape se courut entre Vittet et Cordelle. L'ancien vainqueur de 1990 perdit à trois minutes près à Pornichet. Le Rochelais souffrait du dos, comme beaucoup de concurrents, frappés d'une épidémie de torsions vertébrales douloureuses, dûes aux interminables heures passées à la barre, dans des positions anti-ergonomiques. Michel Desjoyeaux
n'était alors que 4ème au général, mais sa victoire à la régate d'escale de la Baule allait servir de détonateur à ce coureur un peu timide, malgré son habitude des épreuves du grand large (Tour d'Europe, Whitbread, Transat en Double où il gagna avec Maurel). Dans la foulée, Desjoyeaux l'emporta donc à Gijon contre un Vittet fatigué, et un Savatier très en forme qui se classait à nouveau deuxième d'étape.
La victoire au général allait se jouer sur une demi-heure : le temps qui séparait Vittet et Desjoyeaux. Mais Le Cam n'était pas loin, et les trois solitaires menèrent un train infernal et grandiose dans le Golfe, faisant valser leurs Figaro dans de folles envolées. Ces bords glorieux coûtèrent un mât et la victoire à Dominic Vittet. Le Cam et Desjoyeaux continuèrent leur furieuse compétition sans vouloir se lâcher l'un l'autre, sur ces vagues où ils régataient déjà adolescents. Et si Le Cam l'emporta finalement à Port La Forêt, c'est Desjoyeaux qui gagna la course...à neuf minutes seulement de son rival!
1. Desjoyeaux. 2. Le Cam. 3. Savatier. 4. Péan. 5. Cordelle. 27 partants. 27 classés.
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