Règlement et historique

Jeu de paume

 Des raquettes, un filet et une balle de la taille d'une orange, la partie qui s'engage ressemble de loin à du tennis ou du squash, mais il s'agit en fait de leur lointain ancêtre: le jeu de paume, une discipline médiévale qui continue à se perpétuer grâce à l'enthousiasme de ses 10.000 adeptes à travers le monde.

"Devers", "dedans", servir en "girafe" ou en "boomerang", "faire une chasse" pour récupérer l'engagement... Au premier abord, les termes du jeu de paume semblent certes désuets ou alambiqués, mais ils offrent aux "paumistes" (joueurs) une grande variété de stratégies.

"Les autres sports sont plus monotones", juge Matthieu Sarlangue, sextuple champion de France en amateur. "Avec la paume, tous les jours on apprend d'autres choses, différents coups, différentes situations de jeu. C'est plus difficile que ça n'en a l'air".

Le terrain de jeu de paume ressemble à un court de tennis mais il est asymétrique, comporte des murs et des galeries sur trois côtés. Le serveur devra par exemple d'abord toucher la corniche au fond du terrain adverse pour lancer le point.

Pour marquer, il pourra comme au tennis réaliser un coup gagnant ou profiter d'une faute adverse, mais aussi toucher des zones bien précises sur le terrain ou les murs.

- Discipline ancestrale -


© AFP/Martin Bureau
Des balles utilisées pour pratiquer le jeu de paume, le 24 mars 2015 à Paris

Dans cette discipline ancestrale, la tenue blanche reste de rigueur, même pour une simple partie entre amis. Les balles continuent également à être fabriquées à la main. Petite concession à la modernité, elles ont adopté la couleur jaune du tennis moderne depuis les années 80, pour offrir un peu plus de visibilité.

Asymétrique, chaque court a ses propres dimensions, donnant un avantage considérable à ceux qui jouent à domicile en terrain connu.

"C'est le côté pétillant de la paume", souligne Tim Batten, le capitaine de l'équipe de France de la Coupe Bathurst, l'équivalent de la Coupe Davis au tennis: "Il faut s'adapter aux différents courts".

A Paris, dans la seule salle encore en activité, ouverte depuis 1908, le plafond Art Nouveau de ferronnerie et de verre culmine à onze mètres. L'enceinte est la plus haute du monde, particulièrement adaptée au fameux service dit "girafe", tout en hauteur.

Au jeu de paume, la tactique est au moins aussi importante voire plus que la force physique, ce qui explique la longévité des joueurs.

Âgé de 46 ans, l'Australien Rob Fahey, surnommé le Roger Federer du jeu de paume, commence seulement à regarder derrière lui. Vainqueur de plusieurs Grand Chelem et de dix titres de champion du monde, il n'a cédé sa place de N.1 mondial que l'année dernière à l'Américain Camden Riviere, de 19 ans son cadet.

A 22 ans, Sarlangue porte sur ses épaules l'espoir d'un renouveau du jeu de paume dans son pays natal, la France.

- Le sport des moines et des rois -

L'ancêtre du badminton ou du squash est en effet né à l'époque médiévale chez les moines français qui jouaient au départ des parties à mains nues, jeu de paume signifiant littéralement avec la paume de la main.

“Roi des jeux - jeux des Rois”

C’est le jeu de balle ancêtre du tennis et du squash dont les origines remontent au Moyen Âge. De la Renaissance à la Révolution, c’était le jeu des Rois surtout sous le règne de Louis XIII (1610-1643). Le jeu de paume fut pratiqué en salle rectangulaire (Paris en compta 200 à l'époque de la Renaissance), en plein air ou dans les fossés des châteaux. Sous le règle de Louis XIV qui préférait le billard, l'aristocratie se détourna du jeu de paume. Les salles se sont peu à peu vidées. Molière installa par exemple son Illustre Théâtre dans une ancienne salle de paume, la salle des Métayers.

Le but du jeu est de faire mourir la balle dans le camp de l’adversaire. Il n’y a pas de filet. La surface des deux camps n’est pas immuable; ni égale. Le Jeu de Paume a donné naissance à deux disciplines :

La longue paume : jeu de plein air qui peut se jouer à 1 contre 1, 2 contre 2, 4 contre 4 et 6 contre 6. Le terrain fait 60 m de long et 14 m de large au maximum avec pour filet une tresse de 2 mm d’épaisseur mise sur le sol. Jadis jouée à la main, la raquette de 300 g est aujourd’hui à petit tamis (20 cm) et long manche. La balle en liège pèse environ 15 g. Les points sont identiques au tennis.

La courte paume : jeu en salle (longueur 30 m, largeur 9,5 m, sol en carreau avec filet au milieu). La balle est plus lourde (65 g) et les raquettes sont presque identiques à celles de tennis (plus petites). On joue avec les murs et les pans inclinés.

Les premiers championnats de France furent créés en 1901 pour la courte paume et en 1892 pour la longue paume.

Actuellement on compte quelque 200 licenciés en France (concentrés dans la Somme et l’Oise), trois salles dont celle du château de Fontainebleau, 12 000 pratiquants dans le monde surtout en Angleterre et Australie.